Tension autour des locations saisonnières
L’intercommunalité Val d’Europe Agglomération voulait limiter au 1er janvier le taux de locations saisonnières, actuellement à 20 %, à 2 % dans le centre urbain. Des propriétaires ont porté l’affaire en justice et le Conseil d’État a finalement retoqué cette mesure. Malgré tout, les investisseurs réfléchissent et le marché immobilier s’en ressent.
CETTE DEMANDE devient régulière dans les agences immobilières. Dans un groupe Facebook d’habitants du Val d’Europe, un acheteur potentiel indique être à la recherche d’« un F2 sur les communes de Serris et Chessy », tout en précisant : « Pas trop d’Airbnb dans le bâtiment ». Cette remarque en apparence anodine illustre les tensions qui perturbent depuis quelques mois la tranquillité du secteur IV de Marne-la-Vallée, dynamisé par Disneyland Paris.
Depuis le 1er janvier, une réglementation de l’agglomération visant à limiter les locations saisonnières à 2 % des logements.
On en est à 20% environ actuellement — devait entrer en vigueur. Or cette délibération a été retoquée par le Conseil d’État. Et le bras de fer entre des propriétaires concernés, notamment des investisseurs, et les élus affecte le marché immobilier, dont les prix restent très élevés.
« Les acquéreurs d’Airbnb — qui représentent 15 à 20 % de nos transactions — se montrent un peu plus frileux. Certains ont eu peur. Parmi nos investisseurs, il y en a moitié moins qui se positionnent sur des Airbnb. » Les agences reconnaissent ces derniers car ils achètent souvent les biens « par deux ou trois ».
Le Val d’Europe attire une foule de touristes qui se rendent au parc Disneyland Paris limitrophe. Comme les hôtels situés à proximité restent limités et onéreux, ces derniers se reportent sur des offres Airbnb ou Booking. mais, selon les élus, la multiplication des locations saisonnières empêcherait certains habitants d’avoir accès à la propriété. Comme ils savent que le prix d’achat sera amorti, les acquéreurs d’Airbnb sont en effet enclins à dépenser davantage que ceux qui recherchent une résidence principale.
Le Val-d’Europe, secteur le plus cher du département Cette situation — qui s’ajoute à l’inflation et à la montée des taux d’intérêt — entraîne une explosion des prix immobiliers. Le mètre carré des biens proches du RER se vend ainsi à environ 6000€.«Il y a trois ans, c’était 4 500 », rappelle Alexandre Truong, responsable de l’agence Century 21 Immobilier Val d’Europe. Afin de répondre à la grogne des habitants, des copropriétés précisent désormais dans leur règlement l’interdiction des locations saisonnières.
Selon une propriétaire, investir dans un Airbnb s’avère très intéressant dans la zone « car le taux de remplissage à l’année s’élève à 80 % ». Et, depuis quelques années, les prix ne cessent de grimper, rendant les investissements fructueux. Une hausse qui s’explique aussi par l’arrivée de Parisiens après le confinement. « Une maison à Magny-le-Hongre (la ville la plus de- mandée du Val-d’Europe) achetée à 580 000 € avant le Covid a été revendue récemment 810 000 € ! ».
La multiplication de locations saisonnières fait aussi diminuer le nombre de logements proposés à la location classique. En conséquence, là encore, les prix augmentent. « Il y a trois ans, un trois pièces se louait 950 € par mois, rappelle Alexandre Truong. Là, c’est 1 200 €. » Une situation qui fait de Val d’Europe la zone immobilière la plus chère de Seine-et-Marne. « La maison à 810 000 €, vous la mettez n’importe où ailleurs dans le département, le prix se fixerait entre 250 000 et 300 000 € ! ».
Reste à savoir si cette situation perdurera. « Nous allons travailler avec nos avocats à une nouvelle réglementation, prévient Philippe Descrouet (UDI), le président de VAE. Cela ne peut plus durer ! ».
Source : Le Grand Parisien - Vendredi 10 février 2023 - Marie Briand-Locu